Litang, le far-west tibétain

Nous ne somme pas dans le Tibet officiel, mais cette ville de 30 000 habitants est composée à plus de 90% de tibétains, on ne se sent donc plus trop en Chine. De plus Litang a vu la naissance de 2 dalaï lama et d'une résistance armée aux troupes communistes.

Nous visitons la ville avec Evelien, Antonin et William. Naturellement on commence par le marché. Cela nous permet de voir des nomades en habit traditionnel. Dans la rue principale c'est vraiment le far-west: vent, poussière et les tibétains en chapeau de cow-boys avec les blousons de cuir. Chaque tibétain a normalement une dague sur lui. Bref ça dépayse mais nous ne sommes pas complètement à notre aise non-plus.

Puis on monte la colline la plus proche pour avoir une belle vue. Dans ces petites ruelles l'ambiance est plus détendue. On nous crie des grands "Ta chi délé!" (Bonjour) auxquels nous répondons avec de grands sourires.

Sur les murs de certaines maisons les bouses de yak sèchent en attendant de servir de combustible.

Et on profite des derniers rayons de soleil avant un repas tibétain.

Notre super groupe pour les jours à venir: Sophie, William, moi, Evelien et Antonin

Le lendemain on apprécie la ferveur religieuse des locaux. Déjà, plus de la moitié des gens se baladent avec un chapelet à la main qu'ils égrainent en faisant des "oméo pade néum" silencieux. Dans plusieurs endroits de la ville il y a des moulins à prière. Enfin juste devant le temple il y a un monticule d'ardoises gravées, et devant il y a même d'anciens billards qui ont servi de dons!

Nous arrivons au monastère. Il parait aussi grand que celui de Shangri-la et chose inhabituelle la visite est gratuite. Nous arrivons pile pendant une séance de prière en extérieur. On s'assoie et on écoute.

Puis nous visitons les temples. Un d'eux est éclairé à la bougie au beurre. L'odeur est très intense et nous ne restons pas le nez au dessus des bougies.

Nous continuons sur la colline à laquelle est adossé le monastère. On y rencontre 5 moines et une petite fille qui joue avec eux. Ils ont tous autour des 70 ans. Ils font parti des 200 religieux qui vivent sur le site. Le monastère a: soit eu 1 600 moines à son apogée, soit été construit en 1 600. (barrière du langage).

En montant la colline on croise plusieurs personnes qui viennent d'aller cueillir des chenilles-champignons. Nous avons vue des personnes s'agglutiner pour en acheter. Visiblement c'est très très prisé par les locaux. Mais qu'est-ce?

D'après wikipédia, il s'agit d'une chenille qui dans sa vie mange un parasite. Le parasite se développe et tue la chenille qui s'enterre avant de mourir. Le parasite finit par faire une tige qui sort par la tête de la chenille vers l'air libre. Sur la tige des spores attendent d'être mangés par la prochaine chenille pour que le cycle continue.

La poudre de chenille est un excitant cardiaque et un aphrodisiaque pour la médecine chinoise et tibétaine. Le kilo de poudre se vend entre 3 000 et 18 000 dollars en fonction de la qualité!!! Cela représente 9% du PIB du Tibet.

Le soir c'est l'anni de Sophie!!! On se fait un bon apéro avec la bande. Antonin et Evelien aiment aussi les jeux de cartes. On se fait des bonnes parties tous les 5.

Bon anni So!!

Et le dernier jour nous assistons aux funérailles célestes de deux personnes. Ici au lieu de se faire enterrer comme tout bon chrétien, les locaux ont leur corps dévoré par les aigles, pour que leur âme rejoigne le ciel. Nous arrivons à 8h. Il y a déjà tout les touristes de la ville (15 personnes), et les amis des défunts (il y deux morts). Les tibétains sont très accueillants, ils petit-déjeunent tranquillement, discutent et rient. La gêne de venir "en touriste" à des funérailles est vite dissipée.

Au loin les moines font des chants mortuaires avant que la préparation du corps commence.

Puis le préparateur du corps arrive. C'est plus un boucher d'ailleurs. Nous sommes loin mais on comprend qu'il coupe certains membres. Pendant ce temps d'autres personnes doivent tenir les aigles à distance. 

Et une fois le corps décapité le festin commence.

Au bout de 5 minutes les premiers aigles partent vers le deuxième corps qui est en préparation.

Une fois que la plus grande partie du corps est mangée (5 minutes), le boucher revient casser tous les os à la hache. Au bout d'une heure et 2 parties de carte on rentre à l'auberge. Le boucher n'avait pas encore fini.

L'après-midi nous voulons voir les plaines de moaria. On a eu de très bons échos de personnes qui ont fait de la moto là-bas. Comme on n'est pas trop deux roues la gérante de l'hôtel nous trouve un mini-bus. Tout est réglé, nous partons à 7 (une israélienne et une néo-zélandaise en plus). Après 10 minutes de voiture le chauffeur s'arrête, on est arrivé.  Ça va pas du tout, nous avions parlé de 1h de voiture pour être au milieu du pâturage tibétain, ici les portes de la ville sont presque visibles. Ça discute, le chauffeur repart, mais s’arrête 5 minutes plus loin. On rediscute. Nous avons payé 200 yuans, alors qu'on a fait une distance qui n'en vaut pas plus de 40! Pas contents, nous sortons du bus.

On annonce que nous rentrons à pieds et lui donnons 70 yuans... Il refuse, nous bloque et commence à nous menacer. On monte à cent yuan. Il commence à devenir fou, il nous fait des signes de décapitation. Après ce qu'on a vu ce matin, on n'est vraiment pas à l'aise. On imagine que tout le village sera surement avec lui si on retourne là-bas en désaccord. A la deuxième menace nous lachons l'affaire. On accepte de payer et on part se balader dans les plaines. 

Score: les trois gaillards 0, le tibétain fou furieux 200

Là, on se pose dans l'herbe pour se remettre de nos émotions. Un vieille dame arrive avec un grand sourire. Elle habite là. Impossible d'en savoir plus. Elle reste assise en nous souriant. Elle égraine tellement son chapelet que son ongle a une entaille. Pour l'amuser on chante une chanson que tout le monde connait "happy birthday to you".

On voit aussi un loup, il parait beaucoup moins dangereux que notre chauffeur.

Puis on rentre à la voiture un peu angoissé. Le chauffeur est tout sourire "tas chi délé, ta chi délé". Le soir on se plaint à la gérante du comportement du chauffeur et du prix excessif. Elle fait venir le chauffeur. Le ton monte. Le chauffeur niera sur bouddha nous avoir menacés, juste s'être gratté la gorge. Pour le prix excessif, la gérante nous jette 200 yuans. "Prenez-les et partez de l'hotel". On refuse et on remonte dans la salle commune en disant que le problème c'est le chauffeur.

Bref c'était deux jours plein d'émotions. Mais on s'est bien marré tous les 5. Nous continuons notre route vers l'est avec Antonin et Evelien. William reste encore une journée sur place, puis il continuera vers la Russie. Il a prévu de partir passer l'été au Kamchakta, l'Alaska russie. Bon voyage William!